Mais si Elodie Lelou peut s’entretenir confidentiellement avec dix jeunes filles, elle devra se contenter de sept garçons. Car les 15-17 ans « ne voulaient pas parler sur ce thème, et pas à une fille, ce que je suis. J’ai rencontré quelques garçons un peu plus âgés. »
De ses entretiens, Elodie Lelou a conclu que « Les filles établissent des stratégies pour passer inaperçues. Elles évitent certaines rues ou certaines stations de tram pour éviter que les garçons les embêtent. ». Alors que « les garçons se sentent chez eux dans le quartier. Ils estiment qu’une fille n’a pas à « traîner ». Les filles, elles, ont l’impression d’être toujours surveillées. Les rumeurs vont vite ! Elles sortent rarement sans avoir une raison à fournir : faire les courses, aller en classe… »
Le Centre, un lieu pour souffler
Teddy Ranger est animateur au secteur Jeunes du Centre socio-éducatif ACCOORD des Bourderies. Il accueille notamment les jeunes de 11-16 ans lors des moments d’accompagnement à la scolarité, en fin de journée. « Les filles se sentent à l’aise ici, elles sont nombreuses, elles savent que les garçons ne les embêteront pas. Enfin, en ce moment, car les cartes se redistribuent chaque année. Elles viennent pour se rencontrer sans leurs parents, parler des profs, des copains… »
Pour certaines, l’accompagnement à la scolarité n’est qu’un prétexte. « Elles ne sont pas beaucoup dans la projection. Elles ne voient pas les bienfaits de l’école pour l’accès à l’indépendance. » Teddy Ranger ne peut les
obliger à travailler sur leurs devoirs. Mais il ne laisse pas passer, quitte à se montrer « un peu provoc » quand il leur raconte le triste futur promis aux filles sans diplômes ni qualifications. Pendant les vacances, les filles demandent à avoir des loisirs : « Plutôt des loisirs chers, auxquels elles ne peuvent pas accéder : du karting, de l’espace aquatique… Sinon, elles passent des moments entre elles, souvent tournés vers le soin de l’apparence : henné, coiffure… »
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