Enfants, Liliane et Mado habitaient la rue du Marchix, puis la rue Léon-Jamin, deux voies victimes des bombardements, qui ont aggravé l’insalubrité des logements. Les reconstructions successives après 1945 en ont chassé les habitant.es.
Quand elles arrivent aux Bourderies, Mado a 19 ans et Liliane, 17 ans. Seuls les immeubles d’urgence dits « de l’abbé Pierre » sont construits dans la cité qu’on appelle alors La Lande. Avec leurs parents, les deux sœurs emménagent dans un pavillon HLM dont « les murs n’étaient même pas secs. » Pas de chauffage, pas d’eau chaude. La salle d’eau, sommairement équipée d’un bac en ciment, est à l’étage. « Il fallait faire chauffer l’eau en bas sur le poêle à charbon, monter les bassines d’eau
chaude pour se laver, et les lessiveuses pour laver le linge sur une planche en bois. Faut l’avoir connu ! ». Les choses ne s’amélioreront, lentement, qu’au début des années 1960. L’installation d’une baignoire sabot en 1964 reste la dernière rénovation à ce jour. Dans la cité, le climat n’est guère paisible : « Au début, les flics venaient trois, quatre fois la semaine. Il y avait des couples qui se battaient, il y a même eu deux crimes. Ça nous faisait du cinéma ! Après, ça s’est calmé. »
Au delà de l’inconfort, des incidents de voisinage, de l’éloignement des transports publics, Liliane et Mado retiennent une « ambiance familiale ». Mariées peu après leur arrivée aux Bourderies, elles sont
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